Le projet LEARN MENA est un projet collaboratif impliquant l’équipe d’appui aux régions pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord de l’ONUSIDA, Alliance internationale contre le VIH/sida ainsi que MENA-Rosa, avec le soutien de l’Agence Américaine pour le Développement International (USAID).
L’objectif de ce projet est de contribuer à aborder et à répondre aux liens entre les violences à l’encontre des femmes et le VIH, avec et pour les femmes dans leur diversité dans la région du Moyen Orient et d’Afrique du Nord. Étant donné qu’il s’agit d’un vaste territoire, il a été convenu de concentrer le travail dans neuf pays, à savoir, le Maroc, l’Égypte, l’Algérie, le Liban, le Yémen, la Jordanie, la Tunisie, le Soudan et l’Iran – où l’équipe du projet dispose d’une expérience programmatique et des partenariats établis avec des organisations de la société civile.
Les travaux ont pour but de stimuler le plaidoyer et initier le plan des preuves et réponses axées sur la communauté, notamment (mais sans s’y limiter) apporter un soutien direct aux victimes de violences parmi les femmes vivant avec le VIH et les plus infectées par le VIH, le plaidoyer pour une meilleure intégration des services liés aux violences et au VIH, ou pour la transformation des normes sociales pour prévenir les violences à l’encontre des femmes.
Recommandations :
Les points sur lesquels il faudrait insister au cours des actions à mettre en œuvre dans l’avenir peuvent s’articuler autour des éléments suivants :
– la promotion des droits humains dans la société et dans tous les contextes du VIH/sida ;
– la lutte contre la stigmatisation et la discrimination envers les femmes en situation de vulnérabilité et les transgenres ;
– le développement des campagnes d’information, d’éducation et de communication visant les intervenants en vue de lutter contre la discrimination et la stigmatisation à l’encontre les femmes en situation de vulnérabilité et les transgenres ;
– l’implication des femmes en situation de vulnérabilité et les transgenres tout au long des processus de la conception, de la mise en œuvre et de l’évaluation des actions à initier ;
– le développement des capacités des femmes en situation de vulnérabilité et des transgenres à exprimer leur opinion, à participer à la prise de décision, à définir les priorités et à négocier ;
– le développement des capacités des intervenants en matière de prise en charge des femmes en situation de vulnérabilité et des transgenres ;
– la mise à disposition des structures concernées par la prise en charge des femmes en situation de vulnérabilité et des transgenres plus de ressources humaines et financières ;
– la garanti en d’un meilleur accès des femmes en situation de vulnérabilité et des transgenres aux services de prévention et de prise en charge des infections sexuellement transmissibles, dont le VIH/sida et les hépatites ;
– l’élaboration et la mise en œuvre de campagnes de communication pour lutter contre les violences basées sur le genre ;
– le développement du partenariat et du travail en réseau en matière de prise en charge des femmes en situation de vulnérabilité et des transgenres ;
– la mise à niveau et harmonisation approches de travail en matière de prise en charge des femmes et transgenres victimes de violences.
En partenariat avec le Fonds des Nations unies pour la population FNUAP, ATP+ a mené cette étude sur la population transgenre en Tunisie.
Pour ce faire, elle a commencé par organiser une formation sur le déroulement de la passation des questionnaires, les codes de travail, l’éthique…, le 1 et le 2 décembre 2018 destinée à 10 enquêteurs et 5 superviseurs (8 personnes s’identifiant en tant que femmes ont travaillé sur le terrain).
L’enquête s’est lancée le 7 décembre sur le terrain et elle a pris fin le 20 décembre et elle a touché 200 transgenres sur quatre sites de la Tunisie : Tunis, sahel, Djerba et Gabes.
Recommandations de l’étude :
La majorité des personnes transgenres évolue dans des milieux hostiles et souffre d’exclusion, de stigmatisation, de discrimination… À ce titre, les pistes d’intervention suivantes s’imposent en vue de satisfaire les besoins de cette population :
- Réviser la législation afin de permettre le changement de sexe à l’état civil et corollairement de prénom des personnes transgenres ou présentant une variation du développement sexuel ;
- Instaurer des procédures fondées sur l’autodétermination permettant aux personnes transgenres de changer de nom et de sexe sur les actes de naissance, les cartes d’identité, les passeports, les diplômes et autres documents similaires ;
- Intégrer la situation des personnes transgenres en matière de droits humains dans le mandat des institutions chargées de la protection des droits humains, en faisant explicitement référence à l’identité de genre ;
- Collecter les données sur la situation des personnes transgenres en matière de droits humains, y compris sur la discrimination fondée sur l’identité de genre et la transphobie
- Respecter, protéger, et faire en sorte que les droits des personnes transgenres s’exercent et s’attaquer au problème de la stigmatisation et de la discrimination au sein de la société ;
- Développer des campagnes d’information, d’éducation et de communication visant les intervenants œuvrant dans le domaine de la santé, de la police, de l’enseignement et des médias en vue de lutter contre la discrimination et la stigmatisation à l’encontre des personnes transgenres ;
- Former les professionnels des médias en vue de les sensibiliser à la thématique de la transidentité ;
- Rendre les procédures de conversion sexuelle, telles que les traitements hormonaux, les interventions chirurgicales et le soutien psychologique, accessibles aux personnes transgenres ;
- Développer des supports éducatifs avec et pour les personnes transgenres afin de lutter contre les comportements à risque (sexualité non protégée, multiplicité des partenaires…) ;
- Mettre à la disposition des personnes transgenres le préservatif et le lubrifiant ;
- Promouvoir l’utilisation du préservatif et l’adoption du lubrifiant ;
- Renforcer des approches d’éducation par les pair(e)s, visant, entre autres, la promotion de pratiques sexuelles à moindre risque ;
- Développer des structures médicales de prise en charge spécialisées dans les soins et le suivi des personnes transgenres (soutien psychologique, soins spécifiques aux problèmes de santé de cette population…) ;
- Garantir un meilleur accès des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes aux services de prévention et de prise en charge des infections sexuellement transmissibles, dont le VIH/sida et les hépatites ;
- Promouvoir le test de dépistage du VIH/sida gratuit et anonyme ;
- Impliquer les personnes transgenres dans l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi des actions de prévention des infections sexuellement transmissibles, du VIH/sida et des hépatites virales et veiller au respect de leur anonymat.
Une méthodologie qualitative classique a été entreprise pour réaliser cette étude qui s’inscrit dans le cadre de la mise en place d’un projet pilote, en partenariat avec l’association française LED BY HER œuvrant à la formation, à l’entreprenariat et à l’accompagnement des femmes vulnérables en Tunisie en vue de leur autonomisation financière.
Une démarche d’investigation et de recueil de données focalisée sur la situation actuelle des femmes, leurs besoins et attentes en matière d’insertion économique a été réalisée pour pouvoir répondre de manière adaptée aux besoins spécifiques de cette population.
Recommandations de l’étude :
- Que ces femmes bénéficient d’une prise en charge psycho-sociale immédiate permettant une revalorisation de soi et un investissement de ses compétences.
- Programmation d’ateliers sur la communication et la connaissance de soi
- Programmation d’une série d’entretiens individuels avec les bénéficiaires permettant de raffiner et adapter les besoins et les attentes des femmes aux objectifs professionnels de chacune.
- Programmer des entretiens ou des focus groupes permettant l’étude des expériences de réinsertions professionnelles déjà établies en Tunisie avec des partenaires d’autres ONG et avec des assistantes sociales.
- Implication des bénéficiaires dans toutes les étapes de préparation et de réalisation du programme pour créer un climat de confiance mutuelle et de transparence vis-à-vis des bénéficiaires
- Développement d’un réseau d’intervention impliquant plusieurs organismes permettant l’orientation facile des femmes aux établissements spécifiques en cas de besoin
- Développer des partenariats avec des agences de financements bénéficiant d’une bonne couverture géographique et disposant de professionnels spécialisés dans le suivi et l’accompagnement pour création de projet
- Programmer des formations ou plutôt un coaching continue pour les bénéficiaires en matière de création et de gestion financière des projets.
- Encadrer pour bien vendre les produits et faire une prospection des marchés nationaux ou internationaux à travers des sites web ou media sociaux
- Faciliter la procédure de travail, et l’alléger soit par les bailleurs de fonds, par le gouvernement ou par les associations
- Penser à des solutions à l’ouverture de patente et à la sécurité sociale pour alléger les difficultés et les procédures de paiement et de déclarations mensuelles. Épargner les impôts au moins pendant les trois premières années.
Supports produits
- Guide thérapeutique pour les personnes vivant avec le VIH
Elaboré par le chef du département des maladies transmissibles de l’Hôpital Universitaire Fatouma Bourguiba Monastir, Professeur Mohamed Chakroun.
- Cartographie des centres de dépistage
En partenariat de M Coalition, ATP+ a élaboré une cartographie des centres de dépistage anonyme et gratuits au profil des MSM(homme ayant des rapports sexuels avec des hommes). Un projet qui a comme finalité l’élaboration d’une application régionale, pour faciliter l’accès au dépistage, et aux services de santé sexuelle.
- Livret (Booklet) « نراهم ومانعرفهوش »:
Un livret à destination des victimes de torture et leurs entourages a été élaboré en partenariat avec l’ONG “Dignity, Danish Institute against torture”, qui illustre des scènes de la vie aidant à identifier ces victimes et les orienter vers les structures d’encadrement et les associations.
C’est un guide pratique qui comporte des adresses, des numéros de téléphone et des adresses électroniques pour faciliter l’accès aux services d’aide et d’encadrement